Elles racontaient toujours la même histoire sans fin qui les entraînaien loin de l’atelier . l’atelier, avec ses barres de néon, son toit de tôle ondulée, ses fenêtres grillagées, le bruit assourdissant de toutes les machines en train de coudre inlassablement les mêmes poches, les mêmes boutonnières, les mêmes étiquettes Ohio Made in U.S.A. Elles s’en allaient déjà, elles partaient pour la grande aventure, à travers le monde, dans les pays qu’on voit au cinéma : l’Inde, Bali, la Californie, les îles Fidji, l’Amazonie, Casablanca. Ou bien dans les grandes villes où il y a des monuments magiques, des hôtels fabuleux avec les jardins sur le toit, des jets d’eau, et même des piscines avec des vagues, comme sur la mer : New York, Rome, Munich, Mexico, Marrakech, Rio de Janeiro. C’était Pouce qui racontait mieux l’histoire sans fin, parce qu’elle avait lu tout cela dans les livres et dans les journaux.